Longtemps j’ai cru que j’étais votre chevalier Longtemps j’ai cru que j’étais un chevalier dans ce siècle Et quand je m’approchais de votre sainte table Je sentais battre à mon côté la longue épée contre la hanche Et quand je communiais à votre Corps Je sentais descendre en moi la force Mes muscles se bandaient mon âme s’apaisait J’avais la force en moi je la portais comme une custode Et je sortais ainsi de nos chapelles Je sortais invincible Prêt à monter le destrier de mes causes Prêt à contrer le monde encore et le vaincre
Prêt à remonter les torrents déchaînés A relever mes épaules sous la tornade de neige Et traverser les déserts sans boisson inutile Sans même passer la langue autour de mes lèvres blanchies A m’avancer sous l’orage et le tonnerre épouvantable A ne pas m’arrêter descendre chercher refuge Et m’abriter quand la foudre incendie le chêne à vingt pas
Prêt à percer la nuit noire A ne pas relever mes épaules quand la pluie froide glisse da A ne pas sursauter au hurlement soudain de l’ennemi Et me réveiller tirer l’épée fidèle A toute heure de la nuit
Hélas
C’était la force de ma jeunesse Ce n’était pas votre Force C’était la force de mon âme C’était mon ardeur c’était mon courage Et de l’audace oh ! j’en avais pour vingt hommes Et le désir du combat j’en avais sans besoin de personne
C’était ma force J’ai conduit avec elle des assauts impossibles J’ai griffé jusqu’au sang des murailles de granite J’ai enfoncé des océans qui ne menaient nulle part Je me suis guidé sous des étoiles éteintes J’ai traversé des flammes qui ne m’éclairaient pas C’était la force de mon âme C’était la force de mon bras Ce n’était pas votre Force ô mon Dieu
Et maintenant le feu m’a consumé Et maintenant je suis sourd dans la nuit noire Mes doigts saignent je ne puis même porter le poids de ma se Ni le poids de mon épée Ni le heaume ni le baudrier ../..