La nuit est calme, calme ; à peine un doux frisson Parcourt les caroubiers qui sont Dans un immense parc, là devant ma fenêtre . Il tombe du ciel sombre, obscur, Une chaleur ouatée qui incante tout l’être Et cependant l’air est si pur, Si léger, si fluide, immobile, impalpable Que respirer devient coupable .
J’ai tiré les rideaux et ouvert les volets Voilé ma lampe de chevet D’un foulard de soie blanche avec des roses rouges . De fous reflets mystérieux Irisent les murs blancs de ma chambre où tout bouge . L’ivresse tangue dans mes yeux . Mon coeur bat la chamade et dans ce lourd silence Ma tête tourne, et tourne, et danse .
Préviens le rossignol, dis-lui que je suis ivre ! Qu’il chante enfin et me délivre De cette solitude ou j’étouffe ce soir . Mes rêves éveillés m’assaillent Et me torturent et me tourmentent . Mon ciel est noir... Pourquoi ce soir cette grisaille Bétonne ma poitrine ? Quel infini m’aspire ? Va, rossignol, que je respire !!