Je ne sais plus comment t’écrire que je t’aime. J’ai trop peur que mes vers restent toujours les mêmes Et ne soient à la fin qu’un pauvre rabâchage De mots, qui chaque fois reviennent davantage .
Les mots, ces étiquettes au sens déterminée À l’orthographe étrange, inchangeable et sacrée Qui remplissent à eux seuls de gros dictionnaires Se réduisent à rien et ne font pas l’affaire.
Les mots d’amour usés par tous les amoureux Ne me conviennent plus : comme s’ils sonnaient creux. Eh ! quoi ! Toujours pareil : « je t’aime mon amour Je t’aime ma chérie, je t’aimerai toujours »
C’est vrai, mais comment donc le dire sans ces mots Mille fois ressassés, repris, redis, vieillots ?
Il faudrait de la musique … ou de la couleur Ou les deux à la fois, et avec une fleur …
Un air tendre et bleu comme un ciel de printemps Qui sente le lilas au parfum pénétrant… Et ce serait parfois l’éclat de la trompette D’un rouge éclatant, mêlé à la violette
Parfois aussi, hélas, des violons plaintifs Teintés de rose triste et des myosotis.
Comme c’est compliqué ! Près de toi, pour aimer, Il nous suffit d’un rien … un regard … un baiser .