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Yves Zoreil

Rêverie

J’étais en classe; enfin, mon corps y était .
Au tableau, le professeur de Maths expliquait
Ne me souviens plus quoi, de cônes, de tangentes,
Avec bienveillance, à nos âmes indigentes .

Mais on était en Mars, dans un de ces beaux jours
Où l’on sent le Printemps qui veut poindre à son tour .
Tout le ciel était bleu, et le soleil moins pâle
Échauffait tendrement les arbres noirs et sales .

Oui, j’avais cru sentir à la récréation
Le sourd bouillonnement de la sève en action
Tout l’air semblait vibrer mystérieusement
Et de mille frissons, de mille frôlements
Exciter la nature à plus vite renaître
L’hivers était fini : Printemps allait paraître !

Et dans l’air résonnait l’amoureux gazouillis
D’innombrable oiseaux volant de nid en nid .
Ils pépiaient ... aussi follement que ce jour
Dont le doux souvenir trouble encore mon amour.

Ce jour là ... Quel beau jour ! Dans l’ombre du sous-bois
Les oiseaux crépitaient . Pour la première fois,
Pour la première fois depuis que j’implorais,
Au tendre rendez-vous l’amoureuse venait .

Je l’avais trouvée là, palpitante et craintive
Et jusqu’au soir, jusqu’à ce que la nuit arrive
Nous avions vécu des moments merveilleux
En sont témoins les fleurs, les oiseaux et les cieux,
Et les arbres complices, et leur discret feuillage,
Et l’herbe molle qui se couche, douce et sage ...

“ Vous êtes distrait, Monsieur ! ” ... Hélas ! Triste réveil !
Oui, je vagabondais dans le rêve vermeil
Mais, j’étais en classe ... enfin, mon corps y était .
Et toujours le professeur de Maths expliquait
Ne me souviens plus quoi de cônes, de tangentes,
Avec persévérance, à nos âmes absentes ...

Vous pensez que rêver lors d’un cours "c'est pas beau",
Mais mon âme avait pris sa canne et son chapeau ! ! ...