J’étais en classe; enfin, mon corps y était . Au tableau, le professeur de Maths expliquait Ne me souviens plus quoi, de cônes, de tangentes, Avec bienveillance, à nos âmes indigentes .
Mais on était en Mars, dans un de ces beaux jours Où l’on sent le Printemps qui veut poindre à son tour . Tout le ciel était bleu, et le soleil moins pâle Échauffait tendrement les arbres noirs et sales .
Oui, j’avais cru sentir à la récréation Le sourd bouillonnement de la sève en action Tout l’air semblait vibrer mystérieusement Et de mille frissons, de mille frôlements Exciter la nature à plus vite renaître L’hivers était fini : Printemps allait paraître !
Et dans l’air résonnait l’amoureux gazouillis D’innombrable oiseaux volant de nid en nid . Ils pépiaient ... aussi follement que ce jour Dont le doux souvenir trouble encore mon amour.
Ce jour là ... Quel beau jour ! Dans l’ombre du sous-bois Les oiseaux crépitaient . Pour la première fois, Pour la première fois depuis que j’implorais, Au tendre rendez-vous l’amoureuse venait .
Je l’avais trouvée là, palpitante et craintive Et jusqu’au soir, jusqu’à ce que la nuit arrive Nous avions vécu des moments merveilleux En sont témoins les fleurs, les oiseaux et les cieux, Et les arbres complices, et leur discret feuillage, Et l’herbe molle qui se couche, douce et sage ...
“ Vous êtes distrait, Monsieur ! ” ... Hélas ! Triste réveil ! Oui, je vagabondais dans le rêve vermeil Mais, j’étais en classe ... enfin, mon corps y était . Et toujours le professeur de Maths expliquait Ne me souviens plus quoi de cônes, de tangentes, Avec persévérance, à nos âmes absentes ...
Vous pensez que rêver lors d’un cours "c'est pas beau", Mais mon âme avait pris sa canne et son chapeau ! ! ...