La route se traine, poudreuse, dans la vallée sans fin. Le soleil se pose aux sommets des collines Et la tendre tiédeur d’un soir d’été s’évente D’une brise légère. Le vent, vagabond vagissant aux faîtes des grands arbres, Mêle, en bouffées fugaces, l’odeur chaude de la terre, Le parfum, un peu âcre, des foins qui sèchent Et l’exhalaison brune des épis murrissant.
Nous avons traversé des hameaux désertés par les hommes au labeur, Des champs bruissant d’inaccessibles tracteurs. Nous avons croisé des femmes au pas lent. Un chien parfois a surgi d’une cour en hurlant.
Sur la place encore vide où coule une fontaine, Contre le mur épais d’une petite église, À l’ombre démesurée d’un clocher humble et court, Nous nous sommes assis.
Nos épaules légères des sacs enfin posés, Nous avons entouré le bassin au fond vert Et les manches retroussées, avons plongé nos bras Dans la frêle fraicheur de l’onde murmurante. Plus d’un siècle durant, nous avons pris le temps Dans nos rires et nos mains.
Le monde était entier dans les petites gouttes Qui tombaient doucement de nos doigts écartés.