Papa, ce que j’ai pu souffrir ! Je t’ai si peu connu. Il n’est pas de jour pour partir Laissant ses enfants nus. La mort a su longtemps mentir, Te figer inconnu, M’empoisonant de repentir, Près de trente ans tenu À croire que je te fis périr.
Je ne sais plus si tu as dit Un jour que tu nous aimais, Mais ton nom m’était interdit, Et j’ai bien cru à jamais, Pour ce baiser que je ne pris, Celui que je refusai La dernière fois que je te vis ; En colère j’avais osé Essuyer ma joue qui rougit.
Orphelin aussi, de ton père Tu ne nous parlas jamais. De mon fils j’ai bien cru naguère Que j’allais là le semer, Qu’à mon tour je devais lui faire Ce que la vie m’a infligé.