Ah ! Combien déchirant est le bruit d’un journal S’effilochant au vent sur le noir macadam ! Combien poignant ce cri, si vain et si banal, De pages couvertes de signes qui maintenant se pâment !
En se trainant à terre, elles ont perdu leurs sens. Les passants désormais les délaissent, les piétinent. Si encore, grâce au vent, elles continuent leurs danses, Le soleil les jaunit, son feu les assassine.
Ainsi passent nos vies, le long des allées mortes Du temps passé, ainsi vont nos petites vies Toutes tachées de boue, de sang et de sanies,
À jamais illisibles, délaissées, en cohorte. Et leurs sens mélés s’agglutinent au temps En fines strates d’histoire.