La boue, la sanie, la haine, l’envie… Tout doit-il être nié, brisé, anéanti ? Ne peut-on se quitter sans de telles déchirures ? Faut-il que le passé souffre de la rupture ? Faut-il que rien ne reste de ce qu’on crut qu’il fut ? Faut-il que le poison du mensonge envahisse Tout ce que l’on cru beau, simple et majestueux ? Faut-il que la séparation à tout jamais ternisse Même les souvenirs qui furent délicieux ? Faut-il jeter la boue sur notre vie passée Pour espérer revivre une nouvelle vie Et m’avoir laissé seul, menti et délaissé, Ne saurait donc suffire à celle qui fut ma vie ?
Qu’ai-je fait donc de mal à être orphelin Et souffrir si longtemps de la mort de mon père Pour qu’aujourd’hui déjà elle ne pardonne rien Et ne veut voir en moi que ce qui l’exaspère ? Quelle est donc cette femme que j’ai tant cru aimer ? Quand a-t-elle commencé à me mentir à moi À qui elle avait dit qu’elle ne mentirait pas ? Me suis-je trompé vingt ans ? Quelque chose fut-il vrai ? Nous sommes nous aimé, un moment, pour de vrai ? Ce qu’elle me fait subir le veut-elle, le voit-elle ? Est-ce donc sa vengeance que j’encours aujourd’hui ? Elle me disait vouloir ne jamais me haïr, Me haïssait-elle donc au moment de le dire ? Est-ce parce qu’elle m’aimait que me voila haï ? Le bonheur fut-il vrai dont elle m’a parlé, elle ? Faut-il que rien ne reste, que le goût de la cendre, Que la douleur des jours et l’éternel doute ? Jusqu’où faudra-t-il donc que j’accepte de descendre Parce qu’un jour j’ai aimé et j’ai cru l’être aussi ?