Quand je vois la lune qui me sourit Voguant en fée sur une mer d'étoiles A bord d'un bateau sans rames ni voiles, Mon cœur boit son rai dont il se nourrit.
Repu et soûl,admirant le bel astre Se muant en miroir où apparait Ton visage au rayonnement si gai Il fait fi de la douleur,sa maratre!
"Que demeure la nuit!"implore-t-il. Dans un murmure de veillées funèbres Où seul le mort connaît les vraies ténèbres, Puis il lâche un court sanglot puéril.
" L'aube,pense-t-il,doit sûrement poindre Pour enterrer ce brin de fou plaisir Au fond de l'âme pleurant à loisir La déveine de ne point te rejoindre.
Le temps s'en va,vidant son sablier L'envie monte.Etouffé par une crainte Sans nom,il pousse une déchirante plainte! Ton air serein lui dit de s'oublier.
Oui,s'oublier pour goûter aux délices D'un soir où la lavande encense l'air Sous un ciel estival, immense et clair Témoin des amours jonchées de supplices.
Comment briser l'horrible joug des mœurs? Pouquoi souffrir un essaim d'atroces peines Et laisser geler le sang dans les veines Alors que chaleur réclament les cœurs?
L'amour n'est pas un fléau à combattre C'est une source où vient se rafraîchir, Au sommet d'un mont couleur de saphir, L'oiseau charmé par la flûte d'un pâtre.
Priver de sa goutte d'eau ce verdier Serait un crime affreux. O monde ignoble, Aimer a toujours été un mot noble Que tu ne peux noyer dans ton bourbier!