C'est la saison d'enfer où vient s'abreuver, De sueurs, le vent d'est qui, dès le lever, Souffle sur monts et prés pour faire crever, De soif, les rivières.
Le soir, il dégueule toutes les poussières Qu'il ingurgite en route sur les chaumières Couvant des milliers d'âmes populacières Près d'un lac mourant.
On lève yeux et mains au ciel en murmurant Des mots étouffés dans un gosier souffrant Un âcre assèchement au feu dévorant. On prie; on implore...
Enfin, la nuit ! Une fraîcheur inodore, Descend timidement; mais voici l'aurore Qui, pressée, en plein four de Râ, vient éclore, Brûlant l'horizon.
L'azur vire au blanc; ensuite, il perd raison: Gris par-ci, noir par-là; du sable à foison... L'orage éclate. Il lâche sa cargaison Faite de clémence.
Deux jours après, Soleil reprend sa démence Pour rôtir la bourgade qu'il ensemence De braises et l'offrir à son éminence Thermidor le Gros Qui raffole d'y planter ses cuisants crocs.