- C'est pour toi que je me consume; Alors,laisse pleurer ta plume Sur la feuille qui boit son eau Comme Toile suçant Pinceau, Au rythme de mes chaudes larmes! Mots et vers sont tes seules armes Pour défier la longue nuit, Seul et pensif dans ton réduit, Fouillant dans le puits de ton âme Où moisit ton passé infâme. N'as-tu pas dit,un soir sans feux, A haute voix,ton mot radieux: "Bien rimer ses peines soulage"? N'en as –tu pas fait ton adage? Cher frère en l'atroce douleur, Ecoute les cris de ton cœur! Je suis jusqu'à l'ultime flamme Ta seule compagne qui crame Pour te voir labourer ton champ Puis,dans les sillons noirs sur blanc, Semer à la volée les rimes. Ces belles semences intimes, Les voir germer,pousser,grandir, Est pour moi un réel plaisir. Bon jardinier,manie ta bêche!" Elle se tut,pliant sa mèche Qui se noya dans le bougeoir D'où s'échappa un souffle noir.