Un petit vent, charriant le parfum Des prés, me rend pensif, songeur et fin Soûl. Dès que la montagne S'endort au fond du calme ténébreux, J'entends de loin le refrain bienheureux De ma douce compagne.
Sa lumière jaillit dans mon esprit. Un premier vers se déclame et s'écrit. Puis coule une rivière De mots, à la lueur d'un feu dansant. Sa belle voix, son rire appétissant, Emplissent ma chaumière.
La nuit se fait d'une sérénité Telle que mon pauvret cœur dépité Reprend goût à la vie. Je sens frémir l'écriture abreuvant La page que vient caresser le vent. Sa soif est assouvie !
L'aube sourit au poème achevé. Plus d'ombre ! plus de fée ! Ai-je rêvé Durant ma longue veille ? Le jour paraît maussade et paresseux. Ses longs instants me semblent si poisseux Que rien ne m'émerveille.
J'attends le soir, le chapelet en main. Pas un seul mot ne trouve son chemin Vers la page suivante ! Va-t'en, soleil ; nocturne est l'angelet Qui me nourrit le cœur de son reflet Sous la lune riante.