Pour un billet sans retour.
Mon cœur lassé ne veut plus vous entendre ;
Allez-vous-en, vilains maux endiablés !
A son tombeau près des chemins sablés,
Je le sens prêt, oui, fin prêt à se rendre.
Le reg maudit, qui reçut son amour
Dans ses tréfonds, l'attend. Troupes malsaines
De la douleur, filez, croque-mitaines !
Mon âme, on prend le billet sans retour.
Nous n'avons rien qui retient en ce monde.
Là-bas, c'est le repos, la paix ; partons
Pour en finir avec les rejetons
Du mal, briser la souffrance qui gronde !
Le glaive de la mort sera là pour
Décapiter l'abominable ogresse
Qui, des fonds infernaux, connaît l'adresse.
Mon âme, on prend le billet sans retour.
Plus rien n'a de vertu, tisane et purge
Comprimés et sirops, du vent, du vent !
On nous effraie et puis on nous les vend.
Le médecin se fait grand dramaturge :
Ses mots font s'approcher le dernier jour.
Apeurés, nous vidons la pharmacie
Et la bourse ; or, du mal, rien ne gracie !
Mon âme, on prend le billet sans retour.
La vie a son début ; alors, sans doute,
Elle a sa fin ! Fi des où, comment, quand !
On doit partir, c'est tout ! Le ton claquant
De la mort coud la bouche et l'œil déroute.
On revient au néant ; fin de séjour !
L'âme s'envole et l'enterreur s'active ;
Adieu jour maugréant et nuit plaintive !
Mon âme, on prend le billet sans retour.