C'est pour toi que je suis ce chemin rocailleux Bordé de gros buissons répandant leurs épines A l'ombre sans fraîcheur des sapins écailleux Dont les troncs sont porteurs des cœurs de nos aïeux Que voilent des pleurs de résines.
Et je m'en vais, canne rompue et pieds meurtris, Cherchant ton horizon delà les monts,la brume, Les clos où nos amours trouvèrent leurs abris ... Je fouillerai, soir et matin, les prés fleuris, Les bois, la mer et son écume ...
Retrouver ton regard, j'en ai prêté serment Devant le Ciel et tu me sais rimeur fidèle A son mot. Faisant fi de tout empêchement C'est vers ton bel îlot lointain que, dignement, Mon âme vole à tire d'aile.
Même si tu me fuis, je ne peux m'arrêter De te suivre. Irais-tu dans les feux de Géhenne Te noyer, je saurais quelle route emprunter Pour venir partager ta vie et te chanter, De l'amour, une cantilène.
Je confie au zéphyr ces vers. Ô messager, Va lui conter, dans le détail, l'amer déboire Où m'a plongé sa surdité ! Va, vent léger, Lui narrer mon récit sans un mot négliger ! Mets-y tout ton art oratoire !