Onde bleue, vaste univers de mouvant liquide Toi,le frère immense du ciel haut et vide Je te défie. Vague énorme. Je te défie, océan ! Je défie ta profondeur qui n’est que néant Toi, matière fluide que la terre consume Viens à moi et mêle à mon âme ta brume J’ai vu sur la côte se briser ton culte La côte, le récif, la limite, c’est ton insulte ! Comment ton œil profond et sombre ose-t-il Menacer, de quelque façon vile et hostile La profondeur de mon cœur, morne océan ! Et ses sombres abysses où dorment les géants Le géant Force, le géant Colère, le géant Rage Qu’as-tu connu de plus grand que le naufrage ? Que le chagrin du cœur, sa douleur, sa peine Efface ton souffle, océan ! ta brise et ton haleine. Combien de navires ont déchiré ta surface ? Combien comptes–tu d'âmes qui s’effacent ? Combien de trésors lies-tu à l’abîme éternel ? Toi dont la face exprime la peur du ciel Peur bleue de voir en toi la mort, la tempête Tombe ouverte ! tu ignores la douleur secrète La peine latente du cœur, sa nature, ses raisons Désert mobile ,ta grandeur s’arrête à l’horizon Pour ton imposture et ta malice, je te défie Je t’expose le mal du cœur et cela suffit Tu es glacial, ténébreux, désert et affreux Moins que les entrailles d’un homme malheureux. L’immensité du cœur n’a pas de frontières Entends-tu son chant ? entends –tu sa prière ? Lui qui écoute attentif, ta fournaise souvent Appeler à ton gouffre à travers le vent Tous ces flots que tu montres, amas de pleurs ! Pourront-ils un jour égaler ceux du cœur ?