Je vis l'Ange gardienne en tel jardin s'asseoir Sous des nimbes de fleurs irradiantes Et des vignes comme en voussoir ; Auprès d'elle montaient des héliantes.
Ses doigts, dont les bagues humbles et frêles Entouraient la minceur d'un cercle de corail, Tenaient des couples de roses fidèles Noués de laine et scellés d'un fermail,
Un calme, imprégné d'or, tressait Un air filigrané d'aurore, Autour de son front pur, qui s'enfonçait Moitié dans l'ombre encore.
Elle portait son voile et ses sandales, Tissés de lin, mais sur les bords, En rinceaux clairs, les trois vertus théologales Etaient peintes, avec des coeurs feuillagés d'ors.
Ses cheveux lents se répandaient soyeux De l'épaule jusqu'aux gazons de mousse ; Le silence déclos dans l'enfance des yeux Etait plus doux qu'aucune parole n'est douce.
Toute l'âme tendue Et les deux bras et le désir hagard Je me levais vers l'âme suspendue En son regard !
Ses yeux étaient si clairs de souvenir, Ils m'avouaient des jours vécus semblables ; Oh, l'autrefois se muerait-il en avenir Dans les tombes inviolables ?
C'était certes quelqu'une ayant quitté la vie Qui m'apportait miracle et réconfort Et le viatique de sa survie Tutélaire, par à travers sa mort.