Hélas ! les temps sont loin des phlox incarnadins Et des roses d'orgeuil illuminant ses portes, Mais, si fané soit-il et si flétri - qu'importe ! - Je l'aime encor de tout mon coeur, notre jardin.
Sa détresse parfois m'est plus chère et plus douce Que ne m'était sa joie aux jours brûlants d'été ; Oh ! le dernier parfum lentement éventé Par sa dernière fleur sur ses dernières mousses !
Je me suis égaré, ce soir, en ses détours Pour toucher de mes doigts fervents toutes ses plantes ; Et tombant à genoux, parmi l'herbe tremblante J'ai longuement baisé son sol humide et lourd.
Et maintenant qu'il meure et maintenant que viennent Et s'étendent partout et la brume et la nuit ; Mon être est comme entré dans sa ruine à lui Et j'apprendrai ma mort en comprenant la sienne.