Avant la fin de la journée Va-t'en gaîment jusqu'au jardin Cueillir avec tes douces mains Les quelques fleurs qui n'y sont point encor Tristement, vers la terre, inclinées.
Que le feuillage soit déjà blême, qu'importe Je les admire et tu les aimes, Et leurs corolles sont quand même Belles, sur les tiges qui les portent.
Et tu t'en es allée au loin parmi les buis Au long d'un chemin monotone
Et le bouquet que tu cueillis, Tremble en ta main et tout à coup frissonne ; Et voici que tes doigts songeurs, Pieusement, rassemblent les lueurs De ces roses d'automne Et les tressent avec des pleurs En une pâle et claire et flexible couronne.
La dernière lumière a éclairé tes yeux Et ton long pas s'est fait triste et silencieux.
Et lentement, à la vesprée, Les mains vides, tu es rentrée, Abandonnant non loin de notre porte Dans un tertre humide et bas Le cercle blanc qu'avaient formé tes doigts.
Et j'ai compris alors que dans le jardin las Où vont passer les vents ainsi que des cohortes Tu as voulu fleurir une dernière fois Notre jeunesse qui repose là, Morte.