Ongles de feu, cierges ! - Ils s'allument, les soirs, Doigts mystiques dressés sur des chandeliers d'or, A minces et jaunes flammes, dans un décor Et de cartels et de blasons et de draps noirs.
Ils s'allument dans le silence et les ténèbres, Avec le grésil bref et méchant de leur cire, Et se moquent - et l'on croirait entendre rire Les prières autour des estrades funèbres.
Les morts, ils sont couchés très longs dans leurs remords Et leur linceul très pâle et les deux pieds dressés En pointe et les regards en l'air et trépassés Et repartis chercher ailleurs les autres morts.
Chercher ? Et les cierges les conduisent ; les cierges Pour les charmer et leur illuminer la route Et leur souffler la peur et leur souffler le doute Aux carrefours multipliés des chemins vierges.
Ils ne trouveront point les morts aimés jadis, Ni les anciens baisers, ni les doux bras tendus, Ni les amours lointains, ni les destins perdus ; Car les cierges ne mènent pas en paradis.
Ils s'allument dans le silence et les ténèbres, Avec le grésil bref et méchant de leur cire Et se moquent - et l'on entend gratter leur rire Autour des estrades et des cartels funèbres.