Trouant de tes rayons sans nombre Le feuillage léger, Soleil, Tu promènes, comme un berger, Le tranquille troupeau des ombres Dans les jardins et les vergers.
Dès le matin, par bandes, Sitôt que le ciel est vermeil, Elles s'étendent Des enclos recueillis et des humbles maisons. Leur masse lente et mobile Ornent les toits de tuiles Et les pignons ; Les angélus des petites chapelles D'une voix grêle les rappellent ; Midi les serre en rond Autour des troncs. En petits tas, elles prolongent leur sieste Jusqu'au moment où s'animent les champs : L'heure sonnant alors joyeuse et preste Les disperse sur le penchant Des talus verts et des collines. Déjà les brouillards fins tissent leurs mousselines Fines, Mais les ombres se ravivent encor Et s'allongent et s'étalent dans le décor Et le faste sanglant des fleurs et des fruits rouges, Et ne rentrent qu'au soir où plus ni vent ni bruit Ne bougent, Toutes ensemble, au bercail de la nuit.