Mets ta chaise près de la mienne Et tends les mains vers le foyer Pour que je voie entre tes doigts La flamme ancienne Flamboyer ; Et regarde le feu Tranquillement, avec tes yeux Qui n'ont peur d'aucune lumière Pour qu'ils me soient encore plus francs Quand un rayon rapide et fulgurant Jusques au fond de toi les frappe et les éclaire.
Oh ! que notre heure est belle et jeune encore Quand l'horloge résonne avec son timbre d'or Et que, me rapprochant, je te frôle et te touche Et qu'une lente et douce fièvre Que nul de nous ne désire apaiser, Conduit le sûr et merveilleux baiser Des mains jusques au front, et du front jusqu'aux lèvres.
Comme je t'aime alors, ma claire bien-aimée, Dans ta chair accueillante et doucement pâmée Qui m'entoure à son tour et me fond dans sa joie ! Tout me devient plus cher, et ta bouche et tes bras Et tes seins bienveillants, où mon pauvre front las, Après l'instant de plaisir fou que tu m'octroies, Tranquillement, près de ton coeur, reposera.
Car je t'aime encor mieux après l'heure charnelle Quand ta bonté encor plus sûre et maternelle Fait succéder le repos tendre à l'âpre ardeur Et qu'après le désir criant sa violence J'entends se rapprocher le régulier bonheur Avec des pas si doux qu'ils ne sont que silence.