La ferme aux longs murs blancs, sous les grands arbres jaunes, Regarde, avec les yeux de ses carreaux éteints, Tomber très lentement, en ce jour de Toussaint, Les feuillages fanés des frênes et des aunes.
Elle songe et resonge à ceux qui sont ailleurs, Et qui, de père en fils, longuement s'éreintèrent, Du pied bêchant le sol, des mains fouillant la terre, A secouer la plaine à grands coups de labeur.
Puis elle songe encor qu'elle est finie et seule, Et que ses murs épais et lourds, mais crevassés, Laissent filtrer la pluie et les brouillards tassés, Même jusqu'au foyer où s'abrite l'aïeule.
Elle regarde aux horizons bouder les bourgs ; Des nuages compacts plombent le ciel de Flandre ; Et tristement, et lourdement se font entendre, Là-bas, des bonds de glas sautant de tour en tour.
Et quand la chute en or des feuillage effleure, Larmes ! ses murs flétris et ses pignons usés, La ferme croit sentir ses lointains trépassés Qui doucement se rapprochent d'elle, à cette heure, Et pleurent.