Ce soir, an fond d'un ciel uniforme d'automne, La lune est toute seule ainsi qu'un bâtiment Perdu sur les déserts marins, et lentement Vogue dans l'infini de la nuit monotone.
Ce n'est pas la clarté des monotones nuits Brillantes d'or fluide et de brume opaline ; Mais le ciel gris est plein de tristesse câline Ineffablement douce aux coeurs chargés d'ennuis.
Chère, mon âme obscure est comme un ciel mystique, Un ciel d'automne, où nul astre ne resplendit, Et ton seul souvenir, ce soir, monte et grandit En moi, comme une lune immense et fantastique.
Chère, nous n'avons pas été de vrais amants : C'est par caprice et par ennui que nous nous prîmes, Et pourtant, j'ai voulu te façonner des rimes, Bijoux sacrés, ayant d'étranges chatoîments.
C'est qu'au fond de mon coeur mystérieux d'artiste, Le souvenir de ton amour pâle et banal Verse tomme le ciel en un bois automnal Un reflet alangui de clair de lune triste.