Comme un bruit très lointain des cloches et des vagues J'entends dans mon Esprit chanter des rhythmes vagues ; Je rêve des sonnets divinement sculptés Et des strophes dansant, langoureuses almées, Un pas lascif, et des vers pleins de voluptés, Des vers câlins, ayant le son de voix aimées.
J'aime ces sons lointains, ces poèmes rêvés, Et je voudrais finir ces vers inachevés Qui fantastiquement passent dans mes pensées, Et pendant de longs jours j'écoute avidement Les rhythmes inconnus des strophes commencées Chanter en moi, comme un bizarre bercement.
Je cherche. Et la Beauté vague, aux formes troublantes Que je vêts du manteau des rimes rutilantes, Perd sa divinité subtile entre mes mains : Mes vers ne valent pas les vers rêvés : l'idée, Lorsque je l'ai saisie entre mes bras humains, N'a plus son charme amer de vierge impossédée,
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Je sens ainsi toujours, idéaux ou charnels, Vivre au fond de mon coeur les désirs éternels, Et chacun d'eux, désir d'amant, désir d'artiste, Pourra s'éteindre ainsi que les soleils pâlis Mais je n'endormirai jamais mon âme triste Dans la sérénité des rêves accomplis.
Nul poème achevé, nulle douce amoureuse Ne remplira jamais de somnolence heureuse Mon coeur que rien n'apaise et que rien n'assouvit. Car après tous mes vers et toutes mes étreintes, Indicible et profond, dans mon Ame survit Le Regret des Désirs morts et des Soifs éteintes.