Nos sens, nos sens divins sont de beaux enfants nus Jouant aux vagues d’or des vieilles mers païennes, Innocents, radieux, ivres, les deux mains pleines Des fruits juteux cueillis aux jardins ingénus.
Pensive et poursuivant ses antiques chimères L’âme assise non loin surveille leurs ébats ; Parfois son doigt se lève et commande et, tout bas, Elle agite en son coeur l’espérance des mères.
Les petits fatigués, quand vient la fin du jour, Se couchent comme au fond d’un tiède abri d’amour Dans sa mante aux longs plis d’une croix noire ornée.
Et lors, prenant le plus fougueux ou le plus doux, L’âme, les yeux au ciel, l’endort sur ses genoux Et chantant à mi-voix songe à la destinée.