Que j'aime à voir, dans la vallée Désolée, Se lever comme un mausolée Les quatre ailes d'un noir moutier ! Que j'aime à voir, près de l'austère Monastère, Au seuil du baron feudataire La croix blanche et le bénitier !
Vous, des antiques Pyrénées Les aînées, Vieilles églises décharnées, Maigres et tristes monuments, Vous que le temps n'a pu dissoudre, Ni la foudre, De quelques grands monts mis en poudre N'êtes-vous pas les ossements ?
J'aime vos tours à tête grise, Où se brise. L'éclair qui passe avec la brise. J'aime vos profonds escaliers Qui, tournoyant dans les entrailles Des Murailles, A l'hymne éclatant des ouailles Font répondre tous les piliers !
Oh ! lorsque l'ouragan qui gagne La campagne, Prend par les cheveux la montagne, Que le temps d'automne jaunit, Que j'aime dans le bois qui crie Et se plie, Les vieux clochers de l'abbaye, Comme deux arbres de granit !
Que j'aime à voir, dans les vesprées Empourprées, Jaillir en veines diaprées Les rosaces d'or des couvents ! Oh ! que j'aime, aux voûtes gothiques Des portiques, Les vieux saints de pierre athlétiques Priant tout bas pour les vivants !