Voici que je défaille et tremble de vous voir, Bel été qui venez jouer et vous asseoir Dans le jardin feuillu, sous l'arbre et la tonnelle. Comme votre douceur sur mon âme ruisselle ! Je retrouve le pré, l'étang, les noyers ronds, Les rosiers vifs avec leurs vols de moucherons, Le sapin dont l'écorce est résineuse et chaude ; Tout le miel de l'été aromatise et rôde Dans le vent qui se pend aux fleurs comme un essaim. - On voit déjà gonfler et mûrir le raisin ; L'odeur du blé nombreux se lève de la terre, Le jour est abondant et pur, l'air désaltère Comme l'eau que l'on boit à l'ombre dans les puits, Le jardin se repose, enfermé dans son buis... - Ah ! moment délicat et tendre de l'année, Je vais vous respirer tout au long des journées Et presser sur mon coeur les moissons du chemin ; Je vais aller goûter et prendre dans mes mains Le bois, les sources d'eaux, la haie et ses épines. - Et, lorsque sur le bord rosissant des collines Vous irez descendant et mourant, beau soleil, Je reviendrai, suivant dans l'air calme et vermeil La route du silence et de l'odeur fruitière, Au potager fleuri, plein d'herbes familières, Heureuse de trouver, au cher instant du soir, Le jardin sommeillant, l'eau fraîche, et l'arrosoir...