Écris-moi, mon ami, si devant ta faucille Le seigle mûr de couleuvres fourmille ; Dis-moi, brave Berthel, si les chiens altérés Errent par bande aux montagnes d'Arréz.
Hélas ! durant ce mois d'ardente canicule, Tout fermente ; et partout un noir venin circule. Pour charmer les serpents tu m'as dit tes chansons Quand, dressés sur la queue, ils sifflent prêts à mordre, On siffle : eux de rentrer leur dard et de se tordre, Et, charmés, de s'étendre aux rebords des buissons.
Ainsi, d'un pied hardi je vais dans la campagne. Puis, je porte à la main un penn-baz de Bretagne, (De noeuds égaux formé, garni d'un bout de fer) : La fougère suffit pour trancher les couleuvres ; Mais les chiens dans ce mois errent, je crains leurs oeuvres, Eux craignent mon penn-baz lorsqu'il tourne dans l'air.
Écris-moi, mon ami, si devant ta faucille Le seigle mûr de couleuvres fourmille ; Dis-moi, brave Berthel, si les chiens altérés Errent par bande aux montagnes d'Arréz.