Beauté, dans ce vallon étends-toi blanche et nue Et que ta chevelure alentour répandue S'allonge sur la mousse en onduleux rameaux ; Que l'immatérielle et pure voix de l'eau, Mêlée au bruit léger de la brise qui pleure, Module doucement ta plainte intérieure. Une souple lumière à travers les bouleaux Veloute ta blancheur d'une ombre claire et molle ; Grêle, un rameau retombe et touche ton épaule Dans le fin mouvement des arbres où l'oiseau Voit la lune glisser sous la pâleur de l'eau, Ô silence et fraîcheur de la verte atmosphère Qui semble dans son calme envelopper la terre Et t'endormir au sein d'un limpide univers, Ô silence et fraîcheur où tes yeux sont ouverts Pour suivre longuement ta muette pensée Sur l'eau, dans le feuillage et dans l'ombre bercée. Immortelle beauté, Pensée harmonieuse embrassant la nature, Endors sereinement ton rêve et ton murmure Au-dessus des clameurs lointaines des cités. Le monde à ton regard s'efface et se balance Autour de ces bouleaux pleureurs Et l'hymne de ton âme infiniment s'élance Dans l'insaisissable rumeur.
Vallon, pelouse, silence Où l'ombre vient s'allonger ; Une pâle lueur danse Et de son voile léger Effleure ta forme claire Sur qui rêvent les rameaux Et le mouvement de l'eau Paisible entre les fougères.