Avant que mon désir douloureux soit comblé D'un amour qui l'apaise enfin ou dont je meure, Entendrai-je souvent encor la mer du blé Bruire aux alentours de ma chère demeure ?
Trop de fois, taciturne et sombre, et regardant Mes chiens souples bondir à travers l'herbe haute, J'ai dispersé ton feu stérile, ô coeur ardent, A tous les vents du soir qui soufflent sur la côte !
J'ai trop de fois déjà sous un ciel attristé, Quand les bois abdiquaient à mes pieds leur couronne, Rêvé d'une tragique amante, ou convoité Le plaisir qu'un bonheur sans remords environne !
Les jours s'en vont, les mains, hélas ! vides de fleurs, Me laissant seul avec une âme inassouvie Qu'ils ont marquée au sceau des plus âpres douleurs. Aurais-je donc en vain mis ma foi dans la vie ? [...]