Dans l'immense largeur du Capricorne au Pôle Le vent beugle, rugit, siffle, râle et miaule, Et bondit à travers l'Atlantique tout blanc De bave furieuse. Il se rue, éraflant L'eau blême qu'il pourchasse et dissipe en buées ; Il mord, déchire, arrache et tranche les nuées Par tronçons convulsifs où saigne un brusque éclair ; Il saisit, enveloppe et culbute dans l'air Un tournoiement confus d'aigres cris et de plumes Qu'il secoue et qu'il traîne aux crêtes des écumes, Et, martelant le front massif des cachalots, Mêle à ses hurlements leurs monstrueux sanglots. Seul, le Roi de l'espace et des mers sans rivages Vole contre l'assaut des rafales sauvages. D'un trait puissant et sûr, sans hâte ni retard, L'oeil dardé par delà le livide brouillard, De ses ailes de fer rigidement tendues Il fend le tourbillon des rauques étendues, Et, tranquille au milieu de l'épouvantement, Vient, passe, et disparaît majestueusement.