J'étais un arbre en fleur où chantait ma Jeunesse, Jeunesse, oiseau charmant, mais trop vite envolé, Et même, avant de fuir du bel arbre effeuillé, Il avait tant chanté qu'il se plaignait sans cesse.
Mais sa plainte était douce, et telle en sa tristesse Qu'à défaut de témoins et de groupe assemblé, Le buisson attentif avec l'écho troublé Et le coeur du vieux chêne en pleuraient de tendresse.
Tout se tait, tout est mort ! L'arbre, veuf de chansons, Étend ses rameaux nus sous les mornes saisons ; Quelque craquement sourd s'entend par intervalle ;
Debout il se dévore, il se ride, il attend, Jusqu'à l'heure où viendra la Corneille fatale Pour le suprême hiver chanter le dernier chant.