Mon âme est ce lac même où le soleil qui penche, Par un beau soir d'automne, envoie un feu mourant : Le flot frissonne à peine, et pas une aile blanche, Pas une rame au loin n'y joue en l'effleurant.
Tout dort, tout est tranquille, et le cristal limpide, En se refroidissant à l'air glacé des nuits, Sans écho, sans soupir, sans un pli qui le ride, Semble un miroir tout fait pour les pâles ennuis.
Mais ne sentez-vous pas, Madame, à son silence, A ses flots transparents de lui-même oubliés, A sa calme étendue où rien ne se balance, Le bonheur qu'il éprouve à se taire à vos pieds,
À réfléchir en paix de bien-aimé rivage, A le peindre plus pur en ne s'y mêlant pas, A ne rien perdre en soi de la divine image De Celle dont sans bruit il recueille les pas ?