Je l'ai cueilli ! je l'ai goûté, Le beau fruit qui enivre D'orgueil, et je vis ! Je l'ai goûté de mes lèvres Le fruit délicieux de vertige infini. Mon âme chante, mes yeux s'ouvrent, Je suis égale à Dieu !
Un autre monde de beauté S'étend devant mes rêves ; De toutes choses sur la terre se lèvent De nouvelles clartés. Ah ! tout n'était qu'illusion humaine, Et songes décevants ! Pour la première fois je vois et je comprends, Comme Dieu même.
Ah ! qu'en la paix de l'Eden il repose, L'arbre miraculeux de lumière et de vie, Où je devais trouver la mort ! Pas un frisson dans ses feuilles ravies. Avec quel sourire de calme bonheur, Il respire l'air empourpré du soir ! Et voici qu'à la place où furent ces fruits d'or, Les rameaux innocents se sont couverts de roses.