Cache-toi, beau Soleil, je ne mérite pas Entrevoir la lueur de ta face suprême, Mais las ! sans tes rayons tout périrait çà-bas, Il faut donc que chétif je me cache moi-même.
Le lieu le plus secret d'un désert écarté, L'ombrage plus obscur d'un antre plus sauvage, Rien ne peut déceler ma pâle iniquité, Au vice ayant donné mon âme pour otage.
Ce soleil des esprits qui pénètre dans nous Des yeux va traversant le plus épais ténèbre, Qui couvre son offense augmente son courroux, Seigneur, vois les cachots de mon âme funèbre.
Ce ne sont rien qu'égouts que mon coeur ulcéré Distille en mes esprits pour infecter mon âme, Déjà l'espoir en eux s'en allait expiré, Si tu ne m'eûs touché d'un rayon de ta flamme.
Ton esprit me voyant empêtré dans la mort, Puissant, a menacé Satan de le détruire Mon âme a repris coeur, et veut, à cet effort, Sous le joug de tes lois heureuse se réduire.
Elle fait mille voeux de combattre Satan, De ne manquer jamais de foi ni de courage, De renoncer au monde, à ce mortel autan, Qui donne l'âme en proie au vicieux orage.
Puissent tous mes pensers ancrer fidèlement Au saint port de vertu, où mon espoir sommeille, Afin que si mon corps s'endort au monument, Aux cieux resplendissants mon âme se réveille.