Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint, En un grand parc obscur, une femme voilée : Funèbre et singulière, elle s'en est allée, Recélant sa fierté sous son masque opalin.
Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin, J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée ; Puis elle disparut en quelque noire allée Propice au deuil profond dont son coeur était plein.
Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante : Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente Où la vie à la tombe âprement nous conduit;
Tous la verront passer, feuille sèche à la brise Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit ; Mais nul ne l'aimera, nul ne l'aura comprise.