Pardon, Amour, Pardon : ô seigneur, je te voüe Le reste de mes ans, ma voix et mes escris, Mes sanglots, mes souspirs, mes larmes et mes cris : Rien, rien tenir d'aucun que de toy, je n'advoüe.
Helas ! comment de moy ma fortune se joue ! De toy, n'a pas long temps, Amour, je me suis ris : J'ay failly, je le voy, je me rends, je suis pris ; J'ay trop gardé mon coeur ; or je le desadvoüe.
Si j'ay, pour le garder, retardé ta victoire, Ne l'en traite plus mal : plus grande en est ta gloire ; Et si du premier coup tu ne m'as abbattu,
Pense qu'un bon vainqueur, et n'ay pour estre grand, Son nouveau prisonnier, quand un coup il se rend, Il prise et l'ayme mieux, s'il a bien combatu.