Mes pleurs qui sur mon teint distillez si souvent, Pensant caver le coeur de ma fière inhumaine, Il vous faut mettre au rang de ces eaux d'Eurimène, Qui changent en rochers ceux qu'elles vont lavant.
Vous empierrez son coeur que je vais poursuivant, Vainement je lui dis mon amour et ma peine, Elle ouit tout sans l'ouïr comme une idole vaine, Et laisse aller mes voeux sur les ailes du vent.
Hélas ! si vous avez cette vertu cruelle, Pourquoi ne l'avez-vous pour moi comme pour elle ? Que ne m'empierrez-vous en coulant dessus moi ?
Mes pleurs, changez mon coeur, si c'est chose possible, Et comme ma belle est insensible à ma foi, Faites que je devienne à ses feux insensible.