Quel tourment, quelle ardeur, quelle horreur, quel orage
Quel tourment, quelle ardeur, quelle horreur, quel orage Afflige, brûle, étonne et saccage mes sens ? Ah ! c'est pour ne pouvoir en l'ardeur que je sens Adorer ma déesse. Est-il plus grande rage ?
Servir, parler et voir, dévot lui rendre hommage, Se brûler au brasier de ces flambeaux luisants, Pourrait anéantir tous mes travaux présents, Mais las ! je suis privé d'un si grand avantage.
Quelque astre, infortuné, qui me fasse la guerre, Quelque sort ennemi qui au ciel et en terre Contre tous ces malheurs plus ardente sera,
Comme on voit un grand roc qui sourcilleux méprise Le heurt des flots chenus, ainsi ma flamme éprise S'oppose à mes desseins, mon amour durera.