Voici donc le séjour paisible, Où des mortels Le plus tendre et le plus sensible A des autels ! C'est ici qu'un sage repose Tranquillement. Ah ! parons au moins d'une rose Son monument.
Approchez, mères désolées, De ce tombeau : Pour vous, de tous les mausolées C'est le plus beau. Jean-Jacques vous apprit l'usage De vos pouvoirs, Et vous fit aimer davantage Tous vos devoirs.
C'est ici que dans le silence, Sa plume en main, Il agrandissait la science Du coeur humain. Plus loin, voyez-vous ces bocages Sombres et verts ; Il s'y dérobait aux hommages De l'univers.
Autour de cet asile sombre, En ces moments Ne croit-on pas voir errer l'ombre De deux amants ? Noble Saint-Preux, simple Julie, Noms adorés, Quelle douce mélancolie Vous m'inspirez !
Sur cette tombe solitaire Coulez mes pleurs ! Hélas ! il n'est plus sur la terre, L'ami des moeurs ! Vous qui n'aimez que l'imposture, Fuyez ces lieux. Le sentiment et la nature Furent des dieux.