Vous qui habitez l'Orque noir, Laissez votre horrible manoir, Sortez de la grotte avernale, Et venez tous ici haut voir Ma peine qui n'a point d'égale.
Ô Proserpine, ô noir Pluton Cerbère, Mégère, Alecton, Tisyphone, infernales Ombres Atropos, Lachésis, Cloton, Venez tous ouïr mes encombres !
Les tourments qu'on souffre aux Enfers N'égalent ceux que j'ai soufferts. Ma douleur est incomparable, Car dans ce globeux univers, Rien tant que moi n'est misérable.
Hélas ! cette jeune beauté, Qui d'une douce cruauté Me lie en sa blonde cordelle, Contre les lois de loyauté, A faussé notre amour fidèle.
Vous donques Esprits infernaux, Prenez pitié de mes travaux, Faites que l'inhumaine Parque Tranchant ma vie et tous mes maux, Me pousse en l'infernale barque.
Mais après que mes tristes pas La Parque aura conduits là-bas, Au lac affreux de l'onde noire, Ces vers qui diront mon trépas Soient mis au temple de Mémoire.