Aux dames pour les demi-dieux marins, conduits par Neptune
Ô qu'une sagesse profonde, Aux aventures de ce monde Préside souverainement : Et que l'audace est mal apprise De ceux qui font une entreprise, Sans douter de l'événement.
Le renom que chacun admire, Du prince qui tient cet empire, Nous avait fait ambitieux, De mériter sa bienveillance, Et donner à notre vaillance Le témoignage de ses yeux.
Nos forces partout reconnues Faisaient monter jusques aux nues Les desseins de nos vanités : Et voici qu'avecque des charmes Un enfant qui n'avait point d'armes, Nous a ravi nos libertés.
Belles merveilles de la terre, Doux sujets de paix et de guerre, Pouvons-nous avecque raison Ne bénir pas les destinées, Par qui nos âmes enchaînées Servent en si belle prison ?
L'aise nouveau de cette vie Nous ayant fait perdre l'envie De nous en retourner chez nous, Soit notre gloire ou notre honte, Neptune peut bien faire compte De nous laisser avecque vous.
Nous savons quelle obéissance Nous oblige notre naissance De porter à sa royauté : Mais est-il ni crime, ni blâme, Dont vous ne dispensiez une âme Qui dépend de votre beauté ?
Qu'il s'en aille à ses Néréides, Dedans ses cavernes humides : Et vive misérablement Confiné parmi ses tempêtes. Quant à nous étant où vous êtes, Nous sommes en notre élément.