Que cette glace est belle, Qu'elle est nette et fidèle : Elle exprime un visage, et ne le flatte point. Mais je porte dans l'âme Un cristal qui m'enflamme : Dieu me sert de miroir, de juge et de témoin.
Mon miroir quoiqu'utile Est un miroir stérile : Il ne me fait rien voir que ce qu'il prend de moi. Dieu, miroir très sublime, En m'exprimant s'imprime, Me fait voir qui je suis, et ce qu'il est en soi.
Mon miroir n'est que verre, Et je ne suis que terre : Le miroir et l'objet ont tous deux même sort. Mais cet objet suprême Se laisse voir lui-même, Et je l'admirerai encore après ma mort.
La transparence et l'ombre Le rendent clair et sombre : L'un reçoit mon image, et l'autre le produit. Seigneur, que je connaisse Vos vertus, ma faiblesse, Qu'en moi tout est nuage, et qu'en vous tout reluit. [...]