A quoi bon prolonger la lutte et la révolte ? Transmettre, sans scrupule, à d'autres combattants Un mot d'ordre menteur qui mène aux guet-apens ? Les laboureurs sont las de semer sans récolte. Ce monde peut mourir ! je suis prêt et j'attends...
J'attends, j'attends encore... Ah ! suprême ironie ! Le rêve du néant, même, est un faux espoir ! Car voici que, soudain, là-bas, dans le fond noir Tressaille, radieuse, ardente, rajeunie, La fleur des vieux matins, comme un rouge ostensoir ! .................................................
Puisque la vie est là, cruelle, mais certaine, Dans l'ivresse d'agir il faut bien oublier ! J'ai les bras, j'ai le coeur d'un vaillant ouvrier ; Je ne veux m'endormir que sur ma gerbe pleine ; Rêvant d'un maître juste et qui saura payer.
A la vie ! A la vie ! Et tous dans la lumière ! Sur la glèbe ou les flots, main calleuse et grands fronts, Moissonneurs de pensers, ramasseurs d'épis blonds, Tous les hommes, à l'oeuvre, et les lâches derrière ! Toi, poète, en avant, pour sonner les clairons !