Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement De doigts inoccupés tapotant sourdement Les vitres, comme pour savoir leur peine occulte ; - Ah ! Ce gémissement du verre qu'on ausculte ! -
Dimanche : l'air à soi-même dans la maison D'un veuf qui ne veut pas aider sa guérison Quand les bruits du dehors se ouatent de silence. Dimanche : impression d'être en exil ce jour,
Long jour que le chagrin des cloches influence, Et sans cesse ce long dimanche est de retour ! Ah ! Le triste bouquet des heures du dimanche ; C'est un triste bouquet de fleurs qui lentement
Meurt dans un verre d'eau sur une nappe blanche... M'en sauver, le pourrai-je ? Et l'éviter, comment ? Ce jour de demi-deuil aux couleurs trop calmées Où mon coeur otieux s'en va dans les fumées.
J'en ai l'obsession, j'en ai peur, j'en ai froid Du spleen hebdomadaire où ce jour me ramène : Tandis que je me leurre au long de la semaine, Flux et reflux de jours qui s'accroît et décroît,
Dont l'écume est un peu de vanité qui chante, Voici que le repos dominical me hante Et déjà m'apparaît comme un repos amer,
Repos nu d'une grève au départ de la mer, Grève morte du long dimanche infinissable Qui coagule au loin ses silences de sable...