Les dimanches : tant de tristesse et tant de cloches
Les dimanches : tant de tristesse et tant de cloches ! Volets fermés, outils au repos, piano Grêlement tapoté par des doigts sans anneau, Des doigts de vierges dont les coeurs sont sans reproches.
Solitude où quelques passants ; vêpres qui geint ; Couleur de demi-deuil planant sur les dimanches, Avec de la fumée en lentes vapeurs blanches Et du triste dans l'air comme un jour de toussaint.
Silence des quartiers monotones. L'espace Est indistinct, d'un vague où tout semble éloigné ; Et l'on entend, tandis que le soir a saigné, Les lointains cris d'enfants en oubli de la classe.
Sois-même, dans la rue, on regrette les bons Naguères parmi la maison familiale Et son enfance et l'âme en ce temps liliale Et la tiède chaleur de lampe et de charbons.
Les dimanches : tant de tristesses ! Tant de cloches Vers le faubourg où la lenteur des pas conduit... Une lanterne en ce commencement de nuit S'éclaire doucement comme un oeil qui reproche.
L' horizon noir ressemble à des linceuls cousus... Puis voici qu'un second réverbère s'allume Triste, si triste au loin, clignotant dans la brume, Tous deux, - comme les yeux d'enfants qu'on n'a pas eus.