Le Ciel a de jeunes pâturages Tendres, vers un palais triste et vermeil : Un Essaim d'Heures sauvages Guide Pasiphaé, petite-fille du Soleil.
Des troupeaux silencieux du ciel, Un nuage, un doux taureau s'écume, Se détache, avec le souci réel Du Baiser qui l'arrose et la parfume.
Et ces neiges, fraîcheur et ferveur, Au ciel des étreintes fatales, S'unissent, ô Douleur ! Le taureau roule sur la prairie idéale.
La Passion plus doucement encore a lui Sous le Baiser qui les parfume et les arrose, Ils s'absorbent au ciel qui les absorbe en lui. Reste seule la bave du Baiser, amère et rose.
Le Couchant a brûlé comme un palais, Et le ciel s'aveugle avec les cendres Qu'un Dieu noir chasse avec un balai. Vénus, diamant et feu, au jardin d'amour, va pendre.
I
Autour de la jeune Eglise, Par les prés et les clôtures Et les vieilles routes pures, La nuit comme une eau s'épuise.
II
C'est l'aube toute divine Et la plage violette, Avec des voiles en fête Au ciel tel qu'une marine.
III
Guerre et semaille, avalanches De nos thèmes et nos mythes, Par les labours sans limites Sommeillant pour les revanches.
IV
Mais le sang petit et pâle Que l'aurore a dans les veines, Ô Seigneur ! est-ce nos peines Ou votre pitié fatale ?
V
Nos voeux des vôtres sont frères, Vous tous dont le coeur murmure Depuis l'ancienne aventure Montez, Aubes et Colères !