Parmi les marbres qu'on renomme Sous le ciel d'Athène ou de Rome, Je prends le plus pur, le plus blanc, Je le taille et puis je l'étale Dans ta pose d'Horizontale Soulevée... un peu... sur le flanc...
Voici la tête qui se dresse, Qu'une ample chevelure presse, Le cou blanc, dont le pur contour Rappelle à l'oeil qui le contemple Une colonne, au front d'un temple, Le plus beau temple de l'Amour !
Voici la gorge féminine, Le bout des seins sur la poitrine Délicatement accusé, Les épaules, le dos, le ventre Où le nombril se renfle et rentre Comme un tourbillon apaisé.
Voici le bras plein qui s'allonge ; Voici, comme on les voit en songe, Les deux petites mains d'Eros, Le bassin immense, les hanches, Et les adorablement blanches Et fermes fesses de Paros.
Voici le mont au fond des cuisses Les plus fortes pour que tu puisses Porter les neuf mois de l'enfant ; Et voici tes jambes parfaites... Et, pour les sonnets des poètes, Voici votre pied triomphant.
Pas plus grande que Cléopâtre Pour qui deux peuples vont se battre, Voici la Femme dont le corps Fait sur les gestes et les signes Courir la musique des lignes En de magnifiques accords.
Je m'élance comme un barbare, J'abats la tête, le pied rare, Les mains... et puis... au bout d'un an... Lorsque sa gloire est colossale, Je la dispose en une salle, La plus riche du Vatican.