L’allée des iris ? Où ai-je vu cette allée de fleurs azurées ? Dans les beaux jardins de Monsieur Monet à Giverny ? Non ! Peut-être dans l’Italie des Caravage et Michel-Ange aux Jardins Boboli à Florence et à ceux de Tivoli ? Non et non, je ne crois pas. Ma mémoire me joue des tours depuis que je suis enfermée dans ma chambre dans ma tour d’ivoire avec comme seules compagnes la maladie et la douleur.
L’allée des iris ? Où ai-je donc vu cette allée de fleurs bleutées ? Dans les beaux jardins anglais ou hollandais ? Non ! Peut-être en pays basque chez Monsieur Rostand à la Villa Arnaga que nous avions visitée avec mes parents jadis ? Pourtant j’en garderais un souvenir vivace…
L’allée des iris ? Eurêka ! Ça y est ! Je m’en rappelle ! C’est ici-même à La Solitude tout près de l’allée aux bambous là où Fafou mon chat se cachait sous leurs feuillages pour mieux attraper mulots ou bruants. Même Dickette s’y aventurait pour donner la chasse aux intrus.
L’allée des iris ? Allée si discrète parmi toute cette végétation luxuriante ! Et tous ces bleus, et tous ces mauves, et tous ces violets ! Je me souviens d’avoir demandé un jour à Filliou si le Ciel avait autant de bleus que dans notre petit sentier coloré. « Non mon ange, je ne crois pas ! » m’avait-elle répondu. « Soit alors maman, mais c’est sûrement le chemin qui mène au Paradis car le chemin de Dieu peut être si modeste ! » Quoi répondre devant tant de sagesse sortant de la bouche d’une si jeune enfant ? Rien, absolument rien !