Dans les jardins d'hiver des fleuristes bizarres Sèment furtivement des végétaux haineux, Dont les tiges bientôt grouillent comme les noeuds Des serpents assoupis aux bords boueux des mares.
Leurs redoutables fleurs, magnifiques et rares, Où coulent de très lourds parfums vertigineux, Ouvrent avec orgueil leurs vases vénéneux. La mort s'épanouit dans leurs splendeurs barbares.
Leurs somptueux bouquets détruisent la santé Et c'est pour en avoir trop aimé la beauté Qu'on voit dans les palais languir les blanches reines.
Et moi, je vous ressemble, ô jardiniers pervers ! Dans les cerveaux hâtifs où j'ai jeté mes graines, Je regarde fleurir les poisons de mes vers.